J.-A. Miller : Introduction à la lecture du Séminaire de l'angoisse de J. Lacan (2004) (2)

« INTRODUCTION À LA LECTURE DU SÉMINAIRE DE L’ANGOISSE DE J. LACAN » - J.-A. MILLER (2004) (2)

En avril, mai et juin 2004, J.-A. Miller commente le séminaire X, L’angoisse, qu’il vient de publier. Deux textes recueillent ces travaux, qui nous intéressent au plus haut point, puisqu’ils mettent en valeur « le corps avec organes » qui tranche avec le corps-surface du stade du miroir. Nous proposons ici le deuxième fragment a-péritif pour ces textes.

 

La Cause freudienne N° 59, février 2005, pp. 85-86. 

« Le mouvement du Séminaire, par sa phase la plus profonde, va donc des apparitions anxiogènes de l’objet à ses séparations exogènes » … « Cela se voit de la façon la plus évidente en ceci que le Séminaire met en jeu deux statuts différents du corps. Dans son premier mouvement, c’est le corps spéculaire, celui du stade du miroir, saisi comme une forme, une bonne forme, et même la meilleure des formes, puisque, à en croire sa construction, elle s’impose, pour l’être parlant, au monde perceptif de ses objets. C’est un Gestalt. Le premier mouvement joue sur cette gestalt, quitte à montrer comment elle peut être perturbée, dédoublée, dépersonnalisée, étrangéifiée par l’irruption d’un objet autrement structuré. 

Mais cet objet a, c’est de l’avoir autrement structuré que l’objet spéculaire, qu’on le retrouve dans le second mouvement en quelque sorte à sa place et parfaitement informe. Ces objets ne s’arrêtent pas à cinq. Dans leur foisonnement vous trouvez des espèces que vous seriez bien en peine de désigner, et qui ne sont certainement pas de l’ordre de la bonne forme — comme le placenta, les enveloppes du fœtus, le regard, qui en peut être une bonne forme que sous les espèces de l’œil, la voix, qui ne s’inscrit pas dans le champ visuel. C’est, dans l’emploi qu’en fait Lacan, le corps comme organisme, saisi absolument hors du miroir, un corps au moins a-spéculaire, et dont on entend qu’il délivre des objets conformes à la structure topologique présentée à partir de l’irruption de l’objet dans le champ visuel, c’est-à-dire la structure topologique de la bande de Moebius, ou plus précisément de sa surface minimale.

C’est le corps des zones érogènes, c’est-à-dire de zones de bord, ces zones que Freud a d’abord mises en fonction dans ses Trois essais sur la théorie de la sexualité, c’est ce corps-là qui revient. »

 

Voire plus : https://www.cairn.info/revue-la-cause-freudienne-2005-1-page-65.htm